Fake News : comprendre leur mécanisme et s’en protéger

S’informer oui, mais mieux s’informer !

Le 2 juillet dernier, j’ai eu la chance d’aborder les Fake News au sein de l’école PPA (Paris Pôle Alternance) auprès d’une centaine d’élèves et membres de l’équipe pédagogique. J’en profite donc pour les en remercier chaleureusement car c’était là un excellent moyen de valider l’intérêt d’aborder ce sujet et de sensibiliser aux fake news et à leur impact. Surtout à une époque où, sérieusement éprouvés par le COVID 19, nous avons assisté aux théories et fake news les plus folles. Il convient de garder l’esprit ouvert et surtout, cultiver son esprit critique !

Trois-singes (1)

Ainsi, nous ne pouvons plus nous fier à nos sens pour juger de la véracité d’une information et devons (autant que faire se peut), être vigilants et faire preuve d’esprit critique. Il est loin le temps du « je ne crois que ce que je vois » de Saint Thomas ! Aujourd’hui, nous ne pouvons plus prendre pour acquit ce que nous voyons, entendons et que l’on nous dit ! Les auteurs de fake news exercent une tromperie plus ou moins fine du public et faussent nos jugements.

Petite histoire de la Fake News

création du monde

  • Selon Wikipédia : « Le terme fake news, en français infox, fausses nouvelles ou informations fallacieuses, désigne des informations mensongères diffusées dans le but de manipuler ou tromper le public. »
  • Pour bien comprendre la signification du terme « fake news », il est important d’en comprendre le sens étymologique dans sa langue d’origine. En effet, en anglais, le terme de « fake » désigne un article qui est volontairement falsifié. Une information qui se donne toutes les apparences d’une vraie dans le but de manipuler ou tout du moins de tromper son auditoire. Il s’agit donc bien ici d’une « fake news » (souvent fabriquée de toute pièce) et non d’une « false news », qui désignerait alors une information erronée involontairement.
  • Bien que le phénomène des fake news ait été remis au goût du jour, notamment grâce à Donald Trump à l’occasion de la campagne pour la présidentielle américaine de 2016, il date en réalité de bien plus longtemps…

Anatomie d’une fake news

Fake News

Les éléments d’une fake news agissent sur plusieurs leviers :

  • Le contexte : modes, culture, mémoire collective, politique… (attentats)
  • Notoriété du sujet : actualité, personnalité en cause… (Covid19)
  • Proximité géographique et sociale : catastrophe naturelle, santé, alimentation (tsunamis, anti-vaccin
  • Crédibilité et sources : enquêteurs, journalistes (et plus largement la presse), politiques…
  • Emotions : victimes, conflits ou tabous
  • Visuels : images ou vidéos truquées ou utilisées dans un autre contexte…
  • Choix des mots

Défiance envers les médias traditionnels

Presse traditionnelle

Selon le Baromètre de confiance dans les médias réalisé par Kantar pour La Croix en 2019 : « Les médias traditionnels sont de moins en moins des références en matière d’information ».

Particulièrement observable chez les jeunes, qui s’informent à 18 % par la télévision et 75 % par Internet, en privilégiant les réseaux sociaux (40 % des usages sur Internet des moins de 35 ans) par rapport aux supports numériques de la presse (30 %) »

Economie de l’attention

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La surcharge informationnelle, surinformation ou encore infobésité est un concept désignant l’excès d’informations qu’une personne ne peut traiter ou supporter sans nuire à elle-même ou à son activité.

Ce concept peut recouvrir plusieurs concepts de surcharge :

  • Surcharge cognitive,
  • Surcharge sensorielle,
  • Surcharge communicationnelle
  • Surcharge de connaissances.

La surinformation peut être une stratégie délibérée de communication (et souvent typique des réseaux sociaux). La surinformation rend le tri et le recul analytique impossible. Elle peut être employée dans le cas d’une guerre de l’attention.

Viralisation de l’information

Une fois que la Fake News est publiée, elle échappe partiellement ou totalement au contrôle de son créateur. Beaucoup ne se contentent pas de les relayer mais y ajoutent un détail ou une interprétation, créant ainsi un effet boule de neige.

Facteurs de propagation

Virus

Emotionnel

Les auteurs de fake news ont bien compris l’importance des émotions dans la viralité des contenus. Un article provoque votre colère ? Vous inquiète ? Vous stresse ? Vous semble injuste ?
Il y a de fortes chances pour que vous la partagiez pour exprimer votre opinion !

Générationnel

Différentes études ont démontré que les seniors (75%) ont davantage tendance à partager les fake news. Cela peut notamment s’expliquer par leur crédulité mais surtout par leur volonté de montrer qu’il sont « dans le coup » et au courant des dernières informations.

Infobésité

Les internautes ont accès à l’information à tout moment et depuis différentes sources. La presse classique ne fait plus office d’autorité et créent même une certaine défiance.
L’effet est d’autant plus important que certains souffrent aussi de l’effet FOMO (Fear Of Missing Out ou la peur de manquer une information importante).

Vitesse d’information

Le savez-vous ? 55% des lecteurs passent moins de 15 secondes sur un article web et  seulement 0,3 secondes pour se faire une idée de la teneur de l’article. Enfin, seuls 20% des internautes lisent jusqu’au bout les articles longs (même si le contenu est riche).

Biais cognitifs

Cette forme de pensée permet à l’individu de porter un jugement, ou de prendre une décision rapidement. Les biais cognitifs influencent nos choix, en particulier lorsqu’il faut gérer une quantité d’informations importantes ou que le temps est limité.

Bulles de filtres

Le concept de « bulles de filtres », veut que les algorithmes de personnalisation des réseaux sociaux enferment les utilisateurs dans des bulles sans que ces derniers ne s’en rendent compte.

Typologie des fake news

Stop Fake Neww

Canular

L’objectif est  de s’amuser de la crédulité de l’opinion (LeGorafi), de faire rire. On les appelle également « hoax ».

Satire

Elle a pour objectif de faire réagir l’opinion en détournant des informations sur le ton de l’humour pour faire réagir et provoquer.

Parodie

Un autre version de la satire mais qui tient plus du divertissement. Les mèmes en sont un très bon exemple.

Opinion

Il s’agit là d’avancer des arguments fallacieux destinés à imposer une idée.

Rumeur

L’objectif est ici de dénigrer un événement, une entreprise ou une personnalité. Cela peut prendre la forme de dénigrement, diffamation ou calomnie.

Buzz

l’objectif est clairement de faire parler, faire réagir et ainsi générer du trafic et des revenus ! On parle plus couramment de « clickbait », on les reconnaît en effet grâce à leurs titres « sensationnels ».

Désinformation

L’intention est ici de manipuler ou déstabiliser l’opinion.

Propagande

Elle vise à endoctriner un public, imposer une fausse vérité.

Complotisme (ou théorie du complot)

L’objectif est de faire croire que certaines autorités établies mentent volontairement sur des sujets graves (Tchernobyl).

Les biais cognitifs (ou pensées automatiques)

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Le biais de négativité

“Un biais de négativité repose sur la tendance à donner plus de poids aux expériences négatives qu’aux expériences positives et à s’en souvenir davantage. Ainsi les effets secondaires d’un traitement seront plus reconnus que les bénéfices”
Boris Chaumette, Psychiatre et Neurobiologiste

Le biais de corrélation illusoire

Le saviez-vous ? Le vaccin contre la rougeole peut provoquer l’autisme !

A l’origine, Andrew Wakefield, un médecin anglais (radié depuis par l’Ordre des médecins) avait publié en 1998 dans une revue médicale de renom, une étude qui invalidait plusieurs autres démontrant que le ROR était sans danger et qu’il n’occasionne pas de développement d’autisme chez les nourrissons vaccinés.
L’étude a finalement été dépubliée pour cause de fraude et de résultats erronés.

Le biais de dissonance

Le biais de dissonance est le fait de nier ou de minimiser les données/idées/faits qui contredisent nos croyances, référentiels.

Par exemple en 2012, des sources affirmaient qu’au 21 décembre 2012 précisément, ce serait la fin du monde. Au matin du 22 décembre, des croyants de l’apocalypse n’ont pas remis en doute leurs croyances mais se sont persuadés que c’était grâce à leurs prières que la monde ne s’est pas effondré.

Le biais de rationnalisation

Fait de croire «sur parole» et tenir pour vraies les conclusions d’une explication aux «allures scientifiques».

Les Fakes News dans le domaine du médical jouent très souvent sur ce biais pour démontrer des informations totalement fausses grâce à un lexique, une charte graphique “scientifique” et visuellement cohérente reprenant les codes et l’esprit de journaux spécialisés.

Le biais de centralisation culturelle

Fait d’avoir des difficultés à comprendre et à prendre en compte l’existence d’autres modes culturels.

Par exemple une personne de culture nord-européenne aura tendance à penser que, lors d’un enterrement, les personnes s’habillent universellement en noir, alors que dans certaines cultures méditerranéennes, la mort est quelquefois symbolisée par le blanc.

Le biais de confirmation

Nous sommes susceptibles de croire à des «faits» conformes à nos croyances. Ce qui est plus surprenant, c’est que nous pouvons fermer les yeux sur des faits qui contredisent nos opinions (cf biais de dissonance).

C’est ce qui nous rend particulièrement sensible aux théories du complot et contribue à entretenir les fameuses « bulles de filtres » dans lesquelles nous enferment les algorithmes.

Le biais implicite

Les biais implicites renvoient à l’idée qu’en tant qu’êtres humains, nous avons tendance à regrouper les gens en catégories.

Nous sommes enclins à faire confiance aux personnes que nous considérons comme membres de notre propre groupe plutôt qu’à celles d’un ensemble différent.

Les exemples les plus flagrants sont très souvent liés à la politique, milieu dans lequel la défiance est très souvent exacerbée lorsqu’il s’agit d’opposants (Democrat Vs Republicans aux USA).

Le biais de détection

Ce biais nous porte à voir des signes là où il n’y en a pas.

La théorie du complot Illuminati, qui veut que le monde soit contrôlé par une société secrète, exploite ce biais. Puisque le symbole des Illuminati serait une pyramide, ceux qui adhèrent à cette théorie croient voir des triangles un peu partout comme preuves de l’existence de ce groupe.

L’effet Dunning-Kruger

L’effet Dunning-Kruger est un biais intellectuel qui pousse les personnes incompétentes à surestimer leurs capacités, et les empêche de se rendre compte de leurs erreurs ou leur manque de compétences dans certains domaines.

L’effet Dunning-Kruger peut se rencontrer lorsqu’un homme ou une femme politique, à l’ego surdimensionné, s’avance rempli de certitudes sur un terrain qu’il ne maîtrise pas et entend en remontrer à des personnes plus compétentes. Cela vous fait penser à quelqu’un ? 🙂

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L’effet Barnum

L’exemple le plus connu reste l’horoscope ! Sans qu’il ne concerne personne en particulier, chacun est persuadé que cela le concerne !

Parmi les nombreuses informations qui circulent, vous forcément vu passer toute une liste « symptômes » vous indiquant si vous êtes atteint(e) du coronavirus. Parmi ces symptômes, il est possible que vous en ayez identifié certains qui vous concernent…

Les sites de fact-checking

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Comment démêler le vrai du faux

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Les outils

Vérifier une image Vérifier une vidéo
Google Image Inversée : permet de vérifier que l’image du contenu de la publication n’a pas déjà été utilisée. Youtube DataViewer : ce site vous dit à quelle date une vidéo a été postée sur YoutTube. Un bon indicateur.
TinEye : moteur de recherche d’image inversée grâce à un lien vers une image ou un fichier image. InVid  : (In Video Veritas)  permet de faire des recherches inversées à partir de vidéos publiées sur Twitter, Facebook, YouTube, Instagram entre autres.

Ce qu’il faut retenir

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Pour aller plus loin :

Livres blancs :

 

Livres :

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